Dimanche dernier, ce sont plus d’un million de personnes qui découvraient les dessous du désastre écologique et social de la fast-fashion à travers l’émission « Sur Le Front » présentée par Hugo Clément. Des images et conséquences saisissantes qui ne peuvent qu'inviter à une réflexion sur nos modes de consommation, notamment dans notre rapport au textile. Cerise sur le gâteau : LOOM et Velcorex, deux entreprises qui ont choisi le financement citoyen sur notre plateforme étaient au coeur du reportage pour illustrer la révolution slow fashion qui est en marche.
Où finissent nos vêtements ?
23. C’est le nombre de vêtements que nous consommons par personne et par an en France. Si le chiffre peut à priori sembler plutôt raisonnable, il interpelle bien plus une fois ramené à l’échelle de la population. Intitulée « Où finissent nos vêtements ? », l’émission diffusée sur France 5 s’intéressait particulièrement au voyage de ces chemises H&M et autres pantalons Zara une fois que nous n’en voulons plus. C’est-à-dire au bout de quelques utilisations seulement.
« Si tous ces vêtements se retrouvaient dans leurs jardins, (les occidentaux) ne continueraient pas à consommer comme ils le font. » Liz Riketts, fondatrice de “The Or Fondation”
Hugo Clément et son équipe remontent ainsi le fil obscur des vêtements donnés ou déposés dans les bennes de collecte qui fleurissent au pied de nos immeubles. Au bout du voyage de la fast-fashion : des décharges à ciel ouvert dans de nombreux pays africains. Tandis que certains pays, comme le Rwanda depuis 2016, interdisent formellement l'entrée de vêtements de seconde main sur leurs territoires faute de capacité à gérer les déchets qui en découlent, d’autres, comme le Ghana, continuent d’être de véritables poubelles textiles des pays occidentaux. Un fléau environnemental qui s’ajoute à l’aspect social, rappelant sinistrement l’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh, faisant plus de 1 100 morts parmi les ouvriers et ouvrières qui y confectionnaient des vêtements à bas prix.
Les grands magasins nous proposent désormais de rapporter nos vêtements usagés en échange de coupons de réductions. Mais que se cache-t-il derrière cette pratique ?
— France 5 (@France5tv) December 20, 2021
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Alors que les géants de l’industrie brandissent à grands coups marketing une conscience écologique promettant recyclage et dons associatifs pour inciter à toujours plus de consommation, coupons de réduction à la clé, le reporter engagé révèle que seulement 33% de ces vêtements sont recyclés, la majorité d’entre eux (54%) étant exportés à l'étranger. Pour y être réutilisés ? Pas vraiment. À défaut de qualité suffisante, les commerçants locaux ne sont pas en mesure de tous les vendre sur le marché de la seconde main et sont souvent contraints de les jeter.
Consommons moins pour consommer mieux
Parce qu'après la sensibilisation et l'indignation vient le passage à l’action, les initiatives vertueuses de l’industrie du textile sont également mises à l’honneur. C’est là que nous retrouvons des entrepreneurs engagés que nous connaissons bien : Hugo Clément part à rencontre Julia Faure, fondatrice de LOOM, et Pierre Schmitt, président du groupe Velcorex. Deux entreprises qui se sont développées grâce au financement participatif des citoyens sur notre plateforme, leur permettant de développer des modèles alternatifs plus long-terme, loin de la pression de vendre toujours plus au détriment des enjeux sociaux et environnementaux. Peut-être le seul système de financement permettant aujourd’hui à Julia Faure, pourtant à la tête d’une marque de prêt-à-porter, de marteler un message fort : « Arrêtez d’acheter des vêtements ! »
En réaction au documentaire, le collectif En Mode Climat interpelle à travers une pétition le gouvernement, et plus précisément Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique. Objectifs : adopter un bonus-malus, plafonner le nombre de vêtements de fast-fashion importés et développer les infrastructures et débouchés permettant de traiter localement nos déchets.